La dysphonie spasmodique fait partie de la grande famille des dystonies, un trouble du mouvement qui entraîne une contraction de certains muscles, générant des mouvements répétés et involontaires. La dysphonie spasmodique est une contraction involontaire des muscles qui sont responsables de la voix (muscles du larynx). Elle touche soit les muscles qui rapprochent les cordes vocales (dysphonie spasmodique adductrice), soit les muscles qui les éloignent (dysphonie spasmodique abductrice), soit les deux (dysphonie spasmodique mixte).
La dysphonie spasmodique touche plus souvent les femmes que les hommes. Bien que les symptômes puissent commencer à tous les âges, les symptômes se manifestent le plus souvent entre 40 et 50 ans. La dysphonie spasmodique adductrice est la forme de loin la plus fréquente.
La cause exacte de la dysphonie spasmodique n’est pas connue, mais nous savons qu’elle origine des ganglions de la base, une zone située au niveau du cerveau. Cette zone est responsable du contrôle des mouvements involontaires.
La dysphonie spasmodique affecte principalement la voix parlée, avec une difficulté à sortir les mots et un effort lors de la parole. La voix est décrite comme étranglée, dure et brisée (adductrice) ou bien aérienne, faible, chuchotée et essoufflée (abductrice).
Généralement, le stress, la fatigue et les conversations au téléphone aggravent les symptômes. Au contraire, chanter, crier, chuchoter et boire de l’alcool peuvent les améliorer. Les personnes avec une dysphonie spasmodique peuvent habituellement identifier certains mots ou sons qui sont plus difficiles à dire que d’autres. En cas de dysphonie spasmodique adductrice, les mots commençant par des voyelles sont souvent plus difficiles à dire, alors qu’en cas de dysphonie spasmodique abductrice, ce sont les mots qui commencent par une “consonne sourde”, comme les sons /p/, /t/ ou /f/, et qui sont suivis d’une voyelle qui sont plus difficiles.
La respiration, la toux et la déglutition ne sont pas affectées par cette maladie.
Le diagnostic est fait à l’aide des symptômes de la personne, de l’évaluation de sa voix et d’une laryngoscopie flexible. Une électromyographie laryngée est rarement nécessaire pour le diagnostic, mais peut être faite dans certains cas.
Le traitement de choix de la dysphonie spasmodique est l’injection de toxine botulinique (ex. Botox®, Xeomin®) dans le ou les muscle(s) affecté(s). Cette injection a pour objectif d’affaiblir les muscles traités, ce qui réduit la force des spasmes. Ce traitement est généralement efficace pour une durée de 3 à 4 mois et doit donc être répété.
Les traitements orthophoniques seuls ont généralement une efficacité limitée dans le traitement de la dysphonie spasmodique. Par contre, ils peuvent aider à diminuer les tensions musculaires secondaires et diminuer certains efforts vocaux. Chez certaines personnes, l’acuponcture, la relaxation et le yoga peuvent aussi aider à réduire les tensions musculaires.
Il n’existe pas de médicaments spécifiques pour traiter la dysphonie spasmodique. Par contre, certaines personnes voient leurs symptômes s’améliorer avec des médicaments qui diminuent l’anxiété (comme les benzodiazépines). À l’étude actuellement, l’oxybate de sodium (Xyrem®) est un médicament qui a un effet similaire à l’alcool, et qui a la capacité d’améliorer la voix de certains patient·es pendant quelques heures.
À noter qu’il n’est pas obligatoire de traiter cette maladie. Le traitement permet d’en améliorer les symptômes et non de la guérir. Dans ce contexte, une personne peut choisir de ne pas être traitée si sa voix ne la dérange pas.
Certaines chirurgies ont été décrites pour le traitement de la dysphonie spasmodique adductrice, notamment la chirurgie SLAD-R (Selective Laryngeal Adductor Denervation-Reinnervation) et la thyroplastie de type II. Ces chirurgies ne sont pas communément faites par tous les laryngologistes et sont plutôt spécifiques à certains centres autour du monde.
Si vous constatez un changement dans votre voix ou d’autres symptômes reliés au larynx, consultez votre médecin. En attendant votre rendez-vous, vous pouvez consulter notre page de conseils sur la santé vocale.