Aussi appelées papillomatoses laryngées ou papillomatoses respiratoires, les papillomes sont des lésions chroniques, mais bénignes (non cancéreuses), qui peuvent se développer sur les cordes vocales. Elles peuvent aussi s’étendre au reste du larynx, du pharynx (gorge et arrière du nez) ainsi que dans la trachée et les bronches.
La maladie se développe surtout chez les 20 à 40 ans et est plus fréquente chez les hommes.
Les papillomes laryngés sont causés par une infection par le VPH (virus du papillome humain), habituellement par les sous-types 6 et/ou 11.
À savoir :
Plus de 180 sous-types de VPH ont été décrits dans la littérature. Les lésions de peau causées par le VPH (verrues) sont généralement associées aux types 1, 2, 4, 27, et 57. Les lésions génitales et du col de l’utérus causées par le VPH sont le plus souvent liées aux sous-types 6, 11, 16 et 18. Les lésions de la gorge (oropharynx) causées par le VPH sont, elles aussi, le plus souvent causées par les sous-types 6, 11, 16 et 18.
Les sous-types 6 et 11 sont considérés comme à faible risque de se transformer en cancer. Au contraire, les lésions précancéreuses et cancéreuses sont le plus souvent causées par les sous-types 16 et 18. D’autres sous-types ont récemment été associés à un plus haut risque de développement cancéreux, soit les sous-types 31, 33, 35, 45, 52 et 58.
Les patients avec des papillomes sur les cordes vocales remarquent habituellement un changement au niveau de la voix, qui peut devenir plus rauque. Un bruit lors de la respiration (appelé stridor) ou de la difficulté à respirer peuvent aussi être présents lors que les papillomes grossissent.
Parfois, les papillomes ne sont pas directement sur les cordes vocales. Ils peuvent se retrouver sur les fausses cordes vocales, sur l’épiglotte ou sur les aryténoïdes. Dans ce cas, les symptômes n’apparaissent que quand le papillome est rendu très gros, et donne une sensation de boule dans la gorge, cause un changement de la voix ou de la difficulté à respirer.
Les papillomes peuvent aussi se retrouver dans la sous-glotte ou la trachée. Das ce cas, la difficulté à respirer est le premier symptôme.
Finalement, on en retrouve parfois dans le pharynx, sur le palais ou dans le nez. Ces papillomes ne causent généralement pas de symptômes à moins qu’ils deviennent très gros. Dans ce cas, ils peuvent générer une sensation de boule dans la gorge ou obstruer le passage de l’air par le nez.
La première étape est de faire une laryngoscopie flexible pour pouvoir observer les lésions. Les papillomes sont habituellement des lésions bourgeonnantes, blanches ou rosées. On peut aussi apercevoir des petits vaisseaux sanguins qui ont l’apparence de petits points rouges sur la lésion.
Si disponible, une lumière de type NBI (narrow band imaging) peut être utilisée lors de la laryngoscopie flexible pour faciliter la visualisation des lésions. Cette lumière de couleur bleue permet de mettre en évidence les vaisseaux sanguins dans la lésion, qui donnent une apparence de “framboise” au papillome.
La seule façon de confirmer le diagnostic de papillome est de faire une biopsie. Bien que la majorité des papillomes laryngés aient une apparence bien spécifique, les papillomes peuvent être confondus avec un polype d’une corde vocale, un granulome d’une corde vocale ou une lésion précancéreuse ou cancéreuse.
Une fois l’infection acquise, il n’y a pas de traitement qui permette de guérir la maladie. Les traitements visent plutôt à la contrôler et éviter que les lésions reviennent. La majorité des personnes ont besoin de quelques chirurgies au fil du temps pour contrôler la maladie. Pour une minorité de personnes, de multiples chirurgies sont nécessaires, et parfois même plusieurs fois par an.
Le risque que la papillomatose du larynx se transforme en cancer est faible, d’environ 2 %. Pour diminuer ce risque, il faut éviter de fumer et de boire de l’alcool de façon excessive.
Une chirurgie sous forme de microchirurgie laryngée est nécessaire pour enlever les papillomes du larynx, soit en les coupant, soit en les brûlant avec un laser. Toutefois, même si toutes les lésions sont enlevées ou brûlées, elles reviendront dans la majorité des cas, car la maladie est considérée comme chronique.
Le but de la chirurgie est donc d’améliorer les symptômes causés par les lésions. En enlevant les papillomes au niveau du larynx, on peut ainsi améliorer la voix, la sensation de boule dans la gorge et la difficulté à respirer. Si la maladie revient rapidement après les chirurgies, un médicament antiviral injectable, le cidofovir, a démontré une certaine efficacité pour ralentir le retour des lésions lorsque injecté directement dans les lésions durant la chirurgie.
Les personnes avec une papillomatose laryngée ont besoin d’un suivi en ORL à long terme pour suivre l’évolution de la maladie et le retour des lésions. Il n’est pas nécessaire de faire une chirurgie au moindre retour d’un papillome. Il faut toutefois en planifier une lorsque le papillome commence à causer des symptômes incommodants (dysphonie, dyspnée, inconfort dans la gorge).
Un supplément alimentaire, l’indole-3-carbinole, a démontré dans quelques études une capacité à stabiliser la maladie (et parfois même à l’améliorer). Cet élément est retrouvé dans les légumes crucifères comme le chou, le chou-fleur, le chou de Bruxelles et le brocoli. Il peut aussi être acheté sous forme de capsule de supplément alimentaire.
Il existe maintenant un vaccin pour prévenir le VPH (Gardasil®). Ce vaccin doit être administré avant d’avoir la maladie pour qu’il soit efficace. Par contre, selon certaines études, il pourrait aussi être utile une fois la papillomatose laryngée présente, en aidant à ralentir la réapparition des lésions après une chirurgie. Des recherches sont présentement en cours à ce sujet.
Pour les personnes chez qui la maladie revient rapidement et qui nécessiterait plusieurs chirurgies par an, certains médicaments peuvent être ajoutés au traitement pour un meilleur contrôle de la maladie. Ces médicaments comprennent les interférons, le méthotrexate, et l’immunothérapie (Bevacizumab, Avelumab). Ces médicaments peuvent avoir beaucoup d’effets secondaires et sont proposés aux patients pour lesquels il est difficile de contrôler la maladie avec les autres traitements plus traditionnels (chirurgie, cidofovir, indole-3-carbinole).
Si vous constatez un changement dans votre voix ou d’autres symptômes reliés au larynx, consultez votre médecin. En attendant votre rendez-vous, vous pouvez consulter notre page de conseils sur la santé vocale.